Chaque année, des milliers de parents sont confrontés à la perte d’un enfant au cours de la grossesse ou à la naissance. La souffrance psychique ressentie par ces couples suite à une perte précoce peut être très intense et engendrer chez ces derniers un long deuil périnatal.
Mais ce sujet reste encore tabou et très peu abordé, car il n’existe aucun terme permettant de définir leur statut de parents endeuillés. C’est un deuil singulier et complexe qui s’exprime différemment pour chacun. Que faire pour soutenir au mieux les familles touchées ? Comment les aider à surmonter cette épreuve difficile ?
Qu’est-ce qu’un deuil périnatal ?
Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), on parle de deuil périnatal lorsque des parents perdent leur bébé entre la 22e semaine d’aménorrhée et 7 jours après sa naissance. Cela peut donc avoir lieu pendant la grossesse, au moment de l’accouchement ou lors des premiers jours de la vie.
Le deuil périnatal peut également s’appliquer aux parents confrontés à des grossesses non abouties, quels que soient leur terme et la cause du décès (grossesse extra-utérine, fausse-couche, interruption médicale de grossesse, etc.). Cela englobe donc la mortinatalité et la mortalité néonatale précoce. Cependant, le deuil périnatal est différent des autres deuils en raison de sa nature.
Reconnaitre la douleur des parents
Perdre un enfant est très difficile à vivre, car ce n’est pas dans l’ordre naturel des choses. Cela renvoie aussi à la perte de la parentalité. Il n’existe d’ailleurs pas de noms pour les parents endeuillés. Quand on perd ses parents, on est orphelins. Veuf ou veuve quand il s’agit de la conjointe ou du conjoint, mais aucun terme n’existe pour nommer les couples qui perdent leurs enfants.
Les termes pap’ange, mam’ange et par’ange, formés d’une partie des mots papa, maman, parents auxquels on ajoute ange, peuvent être utilisés par ces parents qui viennent de perdre leur bébé. À travers ces mots clés utilisés sur les réseaux sociaux, de nombreuses familles se reconnaissent, se retrouvent et partagent leurs astuces et conseils pour surmonter cette épreuve.
Le deuil périnatal est un long processus qui prend beaucoup de temps. Il faut noter que pour certaines personnes, cela durera toute une vie. Dans toutes les situations, le surgissement de la mort à l’endroit de la vie entraîne une douleur indescriptible et un effondrement. Il est alors important d’accepter sa souffrance sans la refouler. Il faut être patient et indulgent avec soi-même et se donner le temps nécessaire pour vivre les émotions qui accompagnent le deuil.
La perte d’un bébé : une souffrance encore trop souvent cachée.
Certaines personnes ont parfois du mal à extérioriser lorsqu’elles sont confrontées au deuil. Des émotions complexes et difficiles entourent ce terme ainsi qu’une souffrance trop dure à expliquer pour la mère, le père et l’entourage. La mère peut ressentir une immense culpabilité et honte de n’avoir pas pu mener sa grossesse à terme par exemple.
Les parents renoncent ainsi à leur plus grand bonheur et les proches de leur côté ne savent toujours pas comment réagir ni s’ils doivent le faire. La peur et l’incompréhension sont les réactions de l’entourage face à la mort surtout quand il s’agit d’un bébé. Laisser le temps au processus de deuil et vivre ses émotions pourraient aider le couple à traverser l’épreuve de deuil.
Sensibiliser sur le deuil périnatal : associations, forums, groupe de parole
La Journée du 15 octobre est consacrée à la sensibilisation au deuil périnatal. C’est peut-être le bon moment pour les parents endeuillés et leur entourage de trouver une association, qui communiquerait à cette occasion, et pourrait accompagner et aider à surmonter cette épreuve. Les groupes de paroles peuvent être instaurés par une association ou même par l’hôpital.
Ceux-ci ne doivent pas hésiter à chercher du réconfort sur des forums ou des groupes Facebook, car parler, anticiper, expliquer, tenter de briser le silence, faciliteront peut-être un tout petit peu le deuil périnatal. Une aide psychologique, des accompagnements individuels, mais aussi juridiques sont proposés par la plupart des associations lorsque le besoin se fait sentir. Ces professionnels aident les parents à surmonter le deuil de leur enfant. Il est de ce fait important que les parents restent bienveillants, envers eux-mêmes et envers les autres.
L’accompagnement d’équipe médicale après la perte d’un bébé
Lorsque l’on se retrouve dans la situation de perte de son bébé, on devient très vulnérable. Alors, chaque petit mot et geste d’attention peut être très utile pour aider les victimes à prendre de meilleures décisions. Malheureusement, plusieurs maternités et services médicaux ne sont pas toujours sensibilisés au deuil périnatal ainsi qu’à la prise en charge des parents endeuillés.
Ainsi, lorsque la souffrance est trop importante, l’équipe médicale témoin du drame devrait :
- encourager les parents à consulter un psychologue dans l’hôpital. Il est primordial que les victimes se sentent accompagnées, comprises et soutenues par ce petit monde afin de ne pas s’isoler dans leur souffrance ;
- se montrer empathique ;
- et répondre aux diverses préoccupations des parents face à ce drame.
C’est seulement de cette manière que la parole pourra être libérée.
Il faut avouer qu’il reste encore des progrès à faire du côté des professionnels. Aider les parents à surmonter cet événement traumatisant n’est pas chose aisée. Certains diplômes et formations spécifiques sur le deuil périnatal ont vu le jour pour permettre aux équipes d’être à l’écoute des parents dans ce moment particulier. La formation des équipes est très importante, mais l’accompagnement varie beaucoup d’un service à l’autre.