Les femmes subissent plusieurs changements corporels au cours de leur cycle de vie. La grossesse est l’un des moments où le corps de ces dernières subi les plus grandes modifications tant sur le plan émotionnel que physique. Ainsi, pour que la femme enceinte et le fœtus soient en bonne santé, des précautions doivent être prises tout au long du processus de conception et après l’accouchement.
Mais la grossesse peut toujours réserver son lot de surprises en vous offrant beaucoup plus que ce vous attendez. Vous pourrez vous retrouver avec deux bébés d’un coup, à la place du classique fœtus unique. Ce type de grossesse encore appelé grossesse gémellaire comporte autant de risques qu’elle apporte deux fois plus de bonheur. Une grossesse gémellaire en elle-même est classée comme une grossesse à haut risque. Découvrons dans cet article les différents types de grossesses gémellaires et leur particularité.
Qu’est-ce qu’une grossesse gémellaire ?
On parle de grossesse gémellaire lorsqu’il y a la présence de deux fœtus dans la cavité utérine de la femme enceinte. La grossesse gémellaire est différente de la grossesse multiple en obstétrique, car le terme multiple ne s’applique que lorsque l’utérus contient au moins trois bébés. Ainsi on obtient des jumeaux lorsqu’un ou deux ovules fécondés sont implantés.
Dans le cas d’un seul ovule fécondé, on assiste à une division de l’œuf obtenu après fécondation et à l’obtention de vrais jumeaux (univitellins) partageant le même patrimoine génétique ou presque. Ces fœtus identiques peuvent selon le cas partager le même placenta (grossesse monochoriale) ou au contraire avoir chacun son placenta (grossesse bichoriale). Ils peuvent aussi baigner dans la même poche de liquide amniotique (monoamniotique) ou avoir des poches de liquide amniotique séparées (biamniotique).
Toutes ces différences observées sur les grossesses gémellaires monozygotes dépendent de la période de clivage de l’œuf fécondé. En fonction de la date de division nous pouvons avoir :
- clivage 4 jours après fécondation, on assiste à une grossesse bichoriale et biamniotique ;
- clivage entre 4 et 7 jours après fécondation, on assiste à une grossesse monochoriale et biamniotique ;
- clivage entre 8 et 12 jours après fécondation, on assiste au type exceptionnel de grossesse monochoriale et monoamniotique encore appelé grossesse mono-mono ;
- clivage 13 jours après fécondation, on assiste à une grossesse mono-mono de jumeaux conjoints.
Il faut noter que les jumeaux monozygotes sont toujours de même sexe, car identiques. Mais il existe un cas extrêmement rare de jumeaux sesquizygotiques, identiques du côté de leur mère et fraternels du côté de leur père. Ils pourraient être de sexe différent et cela se produirait selon le généticien Michael Gabbet, lorsqu’un seul ovule est fécondé par deux spermatozoïdes. Il n’existe que deux cas de ce type de jumeaux recensés par des médecins au monde.
Dans le cas de deux ovules fécondés, on obtient après implantation une grossesse de jumeaux fraternels ou jumeaux dizygotes (bivitellins) qui se développent côte à côte sans communiquer. Chacun de ces bébés possède ses propres membranes et son propre placenta, on parle de grossesse bichoriale et biamniotique. Ils peuvent être de mêmes sexes comme être de sexes différents, ce qui n’est pas normalement le cas pour des jumeaux monozygotes.
Qu’est-ce qui favorise une grossesse gémellaire ?
Les facteurs affectant la probabilité de grossesse gémellaire sont entre autres :
- la race de la mère ;
- l’âge de la mère ;
- l’historique des naissances de la mère ;
- les facteurs génétiques de la mère ;
- les habitudes alimentaires de la mère ;
- les hormones produites par la mère ;
- les traitements contre l’infertilité suivie par la mère.
Le traitement contre l’infertilité a particulièrement une grande corrélation avec la grossesse gémellaire. Des jumeaux fraternels peuvent survenir lorsque deux embryons ou plus sont transplantés par exemple dans l’utérus et même lorsqu’un seul embryon est transplanté. Il faut noter que les procédures de traitement de l’infertilité peuvent facilement provoquer des divisions après le transfert de l’œuf dans l’utérus de la femme.
Complications associées aux grossesses de jumeaux
Il est important de notifier que d’un point de vue obstétrical, la zygosité des jumeaux n’est pas l’élément le plus important pour évaluer les risques liés à la grossesse. Le point principal demeure la chronicité (nombre de placentas) qui déterminera le suivi adapté. Ainsi sur le plan médical, il existe exactement trois types de grossesses gémellaires que sont :
- la grossesse bichoriale et biamniotique qui est la plus fréquente, représentant 77 % des cas de grossesse gémellaire ;
- la grossesse monochoriale et biamniotique qui est peu fréquente, représentant 20% des cas de grossesse gémellaire ;
- la grossesse monochoriale et monoamniotique qui est très rare, représentant 2 à 3 % des cas de grossesse gémellaire.
En fonction de ces trois types, les complications pouvant survenir tout au long du processus de conception pourraient varier en devenant plus ou moins graves d’un type à l’autre.
Complications observées au cours d’une grossesse gémellaire bichoriale et biamniotique
Au cours des grossesses gémellaires de type bichorial et biamniotique, les complications pouvant survenir sont celles associées aux grossesses uniques avec certaines particularités notamment au niveau des pourcentages de risque. Ainsi nous avons la présence de risque plus élevé d’avoir une fausse couche, des malformations fœtales, un faible poids à la naissance, un placenta praevia. À cela s’ajoutent fréquemment des problèmes d’hypertension gestationnelle, de naissance prématurée, de jumeaux non appariés, de mort fœtale in utero.
Certaines études montrent en effet que les fausses couches augmenteraient environ trois fois plus dans ce type de grossesse qu’au cours des grossesses uniques. Les malformations fœtales telles que l’hydrocéphalie, les malformations cardiaques et les anomalies du tube neural sont quant à elles environ 1,7 fois plus élevées.
Le risque d’accoucher de bébés de faible poids à la naissance est multiplié par 3,8 par rapport à une grossesse unique, et la différence de poids commence à apparaître à partir de 28 semaines. En outre, des complications de la grossesse telles que le syndrome d’inhalation méconiale, l’hypoglycémie, la paralysie cérébrale surviennent en raison d’un faible poids à la naissance de l’un ou des deux bébés.
La possibilité de développer une hypertension gestationnelle et une prééclampsie est environ deux fois plus élevée chez la mère. Cela entraîne des complications telles que la naissance prématurée des bébés, survenant à moins de 37 semaines d’aménorrhée. Ce risque est d’environ 60 % dans les grossesses gémellaires et d’environ 99 % dans les grossesses de triplés.
Il faut noter que la durée moyenne de gestation est de 36,5 semaines d’aménorrhée pour les grossesses de jumeaux et de 33 semaines pour les grossesses de triplés. Le risque de rupture prématurée des membranes est donc multiplié par 5, 10, voire plus selon plusieurs études. A cela s’ajoute, un retard de croissance fœtale et un décollement prématuré du placenta.
Le risque d’accoucher de jumeaux en discordance pondérale est également très présent. Plus le degré de divergence est élevé, plus grande est la probabilité que le nouveau-né de petit poids développe des difficultés à respirer, une hémorragie cérébrale et des convulsions. Cette condition peut entraîner la mort in utero du plus petit des bébés lorsque la discordance est sévère de l’ordre de 25%. Au cours des grossesses gémellaires, le risque de mort fœtale augmente en général.
Il faut néanmoins noter que cette différence ne signifie pas grand-chose chez les jumeaux fraternels, mais chez les vrais jumeaux, il engendre de nombreuses conséquences. De plus, chez les jumeaux bichorial, la mort d’un fœtus ne modifie pas le pronostic vital de l’autre fœtus. Mais chez les jumeaux monoamniotiques, lorsque le pronostic de l’un des fœtus est mauvais, cela nécessite un accouchement rapide.
La discordance pondérale peut être causée par une anomalie des vaisseaux sanguins qui ne se produit qu’au cours des grossesses gémellaires, il est donc nécessaire de le confirmer avec une échographie.
Complications observées au cours d’une grossesse gémellaire monochoriale et biamniotique
Les principales complications qui ne surviennent que chez les jumeaux monochorial sont celles causées par des anomalies vasculaires. Lorsque les bébés partagent le même placenta, ils sont également exposés au risque de retard de croissance in utérine, car les ressources placentaires disponibles sont limitées.
En ce qui concerne les anomalies vasculaires, cela se produit dans le placenta. Une connexion est créée entre les vaisseaux sanguins des deux cordons placés sur l’unique placenta utilisé par les deux bébés. Si ces connexions encore appelées anastomoses sont équitablement réparties, aucun problème ne se pose, car il ne se produit que de simples échanges sanguins.
Mais attention, si au contraire les anastomoses sont inéquitablement réparties en fonction des vaisseaux sanguins impliqués, on assiste à une transfusion inégale de sang de l’un des jumeaux à l’autre. On parle dans ce cas du syndrome du transfuseur transfusé. Cette condition grave peut entraîner la mort des deux bébés, de l’un d’entre eux ou encore laisser des séquelles graves lorsque ces derniers survivent.
Au cours de ce type de grossesse, une complication assez rare peut également survenir. Il s’agit du syndrome du jumeau ou masse acardiaque qui se traduit par la présence d’un jumeau sans cœur ou avec un cœur réduit à l’état de vestiges. Le jumeau sain est alors réduit au rôle de pompe cardiaque pour son compagnon d’utérus qui survit grâce à lui.
Cette complication rare de la grossesse peut conduire à la mort de l’un ou l’autre des jumeaux ou encore des deux bébés en fonction du cas. Et même lorsque ces derniers survivraient jusqu’à la naissance, le jumeau sain est beaucoup plus exposé à une mortalité due à une insuffisance cardiaque ou à une hypoxie chronique.
Complications au cours de la grossesse gémellaire monochoriale et monoamniotique
C’est le type de grossesse présentant le plus de complications difficiles à gérer. Les bébés évoluant dans ce schéma de grossesse gémellaire sont le plus exposés au retard de croissance et au risque de naissance prématuré. Ils sont confrontés le plus souvent aux accidents des cordons ombilicaux notamment l’enchevêtrement ou l’enroulement du cordon ombilical, l’étranglement et autre problème allant dans le même sens.
L’enchevêtrement du cordon ombilical se produit lorsque des jumeaux partagent le même placenta et la même poche amniotique tout en ayant chacun son cordon ombilical. Cette configuration peut entraîner un croisement et un enroulement de ces deux cordons en début de grossesse et entraîner la mort des fœtus.
Les grossesses gémellaires monochoriales et monoamniotiques présentent le plus grand nombre de malformations congénitales. Au cours de ces grossesses, on peut malheureusement découvrir aussi dans de rares cas la présence de jumeaux conjoints symétriques (jumeaux siamois) ou de jumeaux conjoints asymétriques (jumeau ectoparasite ou jumeau endoparasite).
Il est paradoxalement remarqué que dans ce type de grossesse, le syndrome du transfuseur transfusé (STT) ne se produit pas malgré la présence d’anastomoses.
Quel est le moment idéal pour l’accouchement au cours d’une grossesse gémellaire ?
Le moment idéal pour accoucher au cours d’une grossesse gémellaire dépend fortement du type de jumeau porté par la future mère. Ainsi, en fonctions des particularités liées au partage ou non du placenta et de la poche des eaux, les médecins programmeront une date.
Le délai d’accouchement si ce dernier n’est pas survenu naturellement sera entre 38 et 40 semaines d’aménorrhée pour une grossesse bichoriale ne présentant aucune complication. Il sera :
- de 36 à 39 semaines d’aménorrhée pour une grossesse monochoriale et biamniotique ;
- et de 32 à 36 semaines d’aménorrhée pour les jumeaux monochorial et monoamniotique.
Dans le cas des grossesses gémellaires, une césarienne n’est pas toujours nécessaire. Cependant, l’accouchement vaginal ne peut être effectué en toute sécurité que lorsque le stade de la grossesse est supérieur à 32 semaines d’aménorrhée. Il est également important que le poids estimé des fœtus à l’échographie soit supérieur à 1,5 kg et que les deux bébés soient en position tête en bas.
Ces conditions, notamment celui du positionnement des bébés peut-être bien entendu étudié au cas par cas. Ainsi, parfois l’accouchement vaginal s’effectue lorsqu’un seul bébé est bien positionné. Il s’agit dans ce cas de celui placé à l’entrée de l’utérus. Il est d’abord accouché et il est ensuite effectué par les médecins des gestes spécifiques visant à faire tourner le deuxième fœtus afin de le mettre dans la position adéquate.
Il faut néanmoins noter que les différentes manœuvres de l’équipe accoucheuse pourraient ne pas toujours aboutir. S’il s’écoulait plus de 30 minutes entre les deux accouchements des jumeaux, une autre technique d’accouchement vous sera proposée afin d’éviter les éventuelles complications pouvant survenir. Si vous désirez la péridurale au cours de l’accouchement ou encore la césarienne, la méthode d’anesthésie ou l’intervention chirurgicale seront les mêmes que pour un accouchement unique.
Au cours d’une grossesse gémellaire, le volume de l’utérus et du placenta, les poids des fœtus et du liquide amniotique augmentent excessivement par rapport à ceux d’une grossesse unique. De ce fait, même à partir du milieu de la grossesse, il est possible de ressentir des symptômes similaires à ceux d’une grossesse à terme. Toutefois en cas de symptômes assez particuliers, consulter votre professionnel soignant.