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Tendance photos de naissance : l’accouchement sublimé

Encore peu développée en France, la photo de naissance séduit pourtant de plus en plus de futures et nouvelles mamans. En effet, un accouchement est un moment unique, magique, dont certaines souhaitent garder un souvenir en images.
Zoom sur cette branche photo très particulière, en compagnie d’Alex, photographe aux multiples talents.

Depuis de nombreuses années, les parents choisissent de prendre leur bébé en photo, quelques semaines après la naissance. Mais qu’en est-il de l’accouchement, cet instant mélangeant diverses émotions fortes ? Car derrière la douleur, le dur labeur et les heures de travail, se cache une indéniable beauté, celle du fameux « miracle de la vie ».

Pour les sceptiques, rassurez-vous, il ne s’agit pas de clichés sanguinolents additionnés de gros plans gênants. C’est là qu’intervient tout le talent du photographe, celui de capturer l’intensité, la singularité, le précieux de ce moment pour mieux l’immortaliser.

Des premières contractions au soulagement de la délivrance, du premier souffle de l’enfant aux bras de ses parents, telles sont les images que propose le photographe de naissance. Une spécialité à part entière.

Alexandra Lagueste, photographe professionnelle à Montréal et doublement maman, a justement choisi de se diriger vers cette branche particulière.

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Alex, peux-tu nous faire une brève présentation de toi ?

J’ai 35 ans, je suis mère de deux enfants et photographe corporate. Je travaille au Québec et en France. Après mon deuxième accouchement, j’ai décidé de me spécialiser dans la photographie de maternité, qui inclut la grossesse, l’accouchement, la naissance et l’allaitement. Ce sont des moments importants pour une famille.

Pourquoi as-tu choisi de t’ouvrir à ce domaine ?

La photographie de naissance n’est pas encore une pratique très connue mais elle se démocratise de plus en plus, surtout en Amérique du Nord. Les familles sont heureuses de pouvoir garder un souvenir en images de l’accouchement, car les premiers regards avec bébé créent des photos particulièrement fortes. Il faut dire que pendant le travail, les parents vivent les choses différemment. C’est beau mais difficile, intense, et mon travail est de leur offrir la beauté de ce qu’ils ont vécu.

C’est aussi un moyen de montrer une autre image de la femme qui accouche. Malgré l’évolution des mœurs, on est encore dans une société occidentale contradictoire où l’accouchement en soit a quelque chose de choquant, qu’il ne faut pas montrer. Or, c’est un état on ne peut plus naturel, qui n’a rien de sale, mais qui fait partie de la vie.

Idem pour l’allaitement, beaucoup de femmes sont mal vues si elles ne se cachent pas pour donner le sein. Tout cela est pourtant normal. C’est un moment d’initiation intense dans la vie d’une maman.

À travers mes photos, l’idée est de montrer la beauté de l’accouchement et des femmes dans toute leur diversité, peu importe l’ethnie ou l’orientation sexuelle.

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Quelle est la différence avec ton travail photo habituel ?

C’est vraiment du photoreportage. Les gens ne posent pas et je n’interagis pas avec eux pendant la séance. Je dois au contraire me faire la plus discrète possible pour ne pas gêner.

Typiquement, comment se passe ta séance photo de naissance ?

Je suis sur appel à partir de la 37ème semaine de grossesse. Je dois donc bloquer mon emploi du temps et je m’engage à être là au moment de l’accouchement. Peu importent l’heure, le jour et la durée du travail.

Si la future maman est accompagnée d’une doula, c’est elle qui fera généralement le lien en me contactant au bon moment. Le lieu de naissance peut être un hôpital, une maison de naissance ou directement au domicile des parents.

Une fois sur place, mon travail de documentation commence avec toutes les étapes de l’accouchement. Je vais photographier le couple, mais aussi le contexte, car il s’agit de raconter une histoire.

Je continue de prendre des photos après la naissance, lorsque bébé est posé sur la maman, durant la première tétée et le peau à peau avec le papa.

Je les laisse ensuite se retrouver dans leur intimité.

Quels sont, selon toi, les atouts et défis d’une photographe de naissance ?

La discrétion est un critère majeur. Il faut aussi être passionnée par le sujet de l’accouchement et avoir le cœur bien accroché car il s’agit du domaine médical. Il ne faut pas être trop sensible au sang ni aux odeurs.

Le fait d’être déjà maman facilite grandement les choses de ce point de vue, mais aussi du côté des parents qui m’accordent plus de crédibilité et de confiance.

La difficulté de cette spécialité est d’être sur appel, surtout en prenant en compte le fait que j’ai une famille. Je dois rester joignable et proche de mes clients jusqu’à l’accouchement.

Durant la séance, mon principal défi est de m’adapter aux mouvements et au travail du personnel hospitalier, surtout s’ils ne veulent pas être pris en photo. C’est un vrai casse-tête (rires).

Sans oublier la gestion de la lumière. Je dois me débrouiller et composer avec tout ça. Et bien sûr il faut tenir jusqu’à la fin. Ma dernière séance s’est déroulée de 6h du matin à 13h. C’était assez court, mais il arrive que les choses durent bien plus longtemps selon l’accouchement.

Qu’est-ce que cette spécialisation t’apporte humainement ?

L’impact incroyablement positif sur les familles et les émotions qui naissent de ces photos sont très gratifiants. Le retour client est excellent et je créé avec eux un lien, une vraie relation. C’est une expérience vraiment enrichissante.

En étant moi-même maman, ça me donne aussi l’impression de revivre cet instant magique.